Prêtre de la Licorne

La convocation


Une voix grave qui m’appelait, sourdait du sol et m’envahissait comme un raz de marée vient inonder la terre. Voilà ce qui me réveilla brutalement. Curieusement, je n’avais pas peur du danger qui pouvait en résulter. Nouvel appel, plus impatient.
Corwin!
Je me levai, tentant de découvrir à qui pouvait appartenir cette voix impérieuse. Personne alentours. Un contact d’atout? Je saisis mes cartes, aucune froideur n’en émanait. Aucun visage familier ne m’apparaissait. Encore un appel, pressant, presque irrité.
“Qui est là?!” fis-je en saisissant mon épée.
“Repose ton arme et écoute-moi!”

C’est alors que je la vis, toujours éblouissante, frêle mais ô combien puissante, juvénile mais ô combien ancienne, notre créatrice, notre seule divinité, et, si je devais en croire certaines légendes familiales, notre aïeule.
La Licorne se cabra, frappa de son petit sabot un rocher qui se trouvait devant elle, qui se fendit. Démonstration de puissance tranquille... J’appréciai à sa juste valeur l’avertissement.
Je me rassis et rengainai mon épée. Inutile: la Licorne ne me ferait jamais de mal.
“Je n’hésiterai pas un instant, si l’Ordre devait en bénéficier ou si la Marelle était en danger” fut sa seule remarque à ma pensée. Je me renfrognai: on ne pouvait jamais être tranquille!
“Il faudra bien que tu t’y fasses”. Nuances ironiques et autoritaires.
Je décidai de couper court cet étrange dialogue: “Que me veux-tu?! Est-ce toi qui m’a envoyé ici? Pourquoi mes frères ne répondent plus? Pourquoi ne puis-je plus me servir de mes pouvoirs?! Qu’est-ce...?”
“Silence! Impétueux fils d’Obéron! Ton père ne t’a-t-il pas appris le respect? [silence soumis] Je veux que tu m’obéisses, le reste est accessoire.”
Je n’étais pas entièrement d’accord avec cette dernière affirmation, mais je ne voulais _ ou n’osais_ pas l’interrompre.
Rarement, la Licorne nous était apparue, et toujours lors de situations exceptionnelles. Sa présence ici était un ravissement et un insigne honneur, même si je me serais volontiers passé de ce qu’elle voulait faire de moi.

“Corwin, tu es celui en qui j’avais placé ma confiance pour diriger Ambre. Tu as refusé le trône, j’ai accepté ton choix. Random est roi d’Ambre maintenant.
Je n’entends pas que tu refuses cette fois-ci. L’enjeu est trop important pour que je cède à un quelconque caprice (son ton irrité me rappela ma mère). Je ne sais pas quel est cet endroit, ni si le chaos, ou l’un de tes frères ou soeurs, est derrière ce qui est arrivé ici, mais mon pouvoir n’atteint pas ce monde. Pas plus que celui du Logrus, à ce que j’ai pu en voir. Je ne tiens pas à ce qu’il devienne maître de ce monde, et je veux le conquérir! Pour faire respecter l’ordre. En outre, ton fils, Merlin, le seigneur du Chaos, ne s’attaquera pas à toi si c’est Lui qui est derrière tout ça. [j’écoutais, attentif, voyant vaguement où elle voulait en venir] J’ordonne [elle appuya sur ce dernier mot d’une façon qui me déplut] que tu montes et organises une Eglise à ma gloire. Un nombre de fidèles conséquent permettrait d’étendre mon emprise sur ce territoire neutre. Et assurer un avantage certain à la Marelle.

Une poussée de masochisme me força à demander “Et si je refuse?”. Des brûlures insoutenables, des crampes atroces et une sensation d’explosion douloureuse de tous les muscles, de toutes les fibres de mon corps me laissèrent pantelant. Avant l’arrivée de la seconde vague de supplice, je réussis à articuler mon accord.

“Je n’en doutais pas; de toute façon, tu n’as guère le choix.”
J’étais bien d’accord avec elle sur ce point.

Elle se redressa, dans toute son altière splendeur et sa majesté.
“Corwin, adore-moi!”
Tremblant, j’hésitai sur la conduite à tenir.
Elle s’agrandit, devint lumineuse, éblouissante, se cabra, sa voix gutturale m’ordonna une nouvelle fois “Adore moi!” Des milliers d’aiguilles me piquèrent le corps, me labourèrent le ventre. Je me prosternai devant elle.
“Voilà qui est mieux”
Je sentis sa présence décroître puis disparaître.

Je m’évanouis. Ou plutôt, je m’éveillai.
La Licorne avait utilisé un vieux truc de divinité pour atteindre ses fidèles: le commandement en songe. Pas très original, mais d’une efficacité éprouvée. J’en ressentais encore les multiples courbatures et tiraillements qui avaient agrémenté son passage dans mon esprit. Elle avait dit avoir des pouvoirs diminués sur cette ombre. J’envisageai avec difficulté de la revoir en possession de ses pleins pouvoirs si j’échouais...
Je me levais difficilement et me mis en marche...

[HRP: mis en ligne sur le forum Sarwyen]

L’initiation



Je parcourais les terres nouvelles à la recherche d’adeptes. Ames crédules et naïves qui pensent qu’il y a des divinités qui s’intéressent à eux, les protègent et s’apitoient sur leur sort. Il y a bien des divinités, ou au moins des êtres supérieurs qui en font fonction. Il y en avait au moins deux contre qui, même nous, prince d’Ambre, ne pouvions rien: le Serpent du Logrus, maître du Chaos, et la Licorne de la Marelle, reine de l’Ordre. Il en existait une troisième, que j’avais créée: une autre marelle qui n’était pas l’ombre de celle qu’avait élaboré Dworkin. Je ne l’avais jamais vu se manifester autrement qu’en créant des illusions. Mais ce n’était pas elle qui agissait ici, sinon j’aurais eu mes pouvoirs sur l’ombre Sarwyen. Il en existait certainement une quatrième, dont la présence était révélée par ce monde. Mais dans tous les cas, leurs adorateurs n’étaient que des pions jetés sur l’échiquier de leur domination.

Je marchais à l’aventure, tentant de célébrer Licorne, et de soigner en son nom. Je m’épuisais rapidement, et les quelques sorts que je maîtrisais suffisaient à peine à me défendre dans ce monde. Les gens étaient méfiants, mais je l’étais encore plus, victime de mon passé. Je les comprenais.

Il m’était pourtant difficile d’oublier ce que m’avait fait la Licorne. Difficile de croire qu’elle m’oublierait. Je n’avais pas l’habitude de vénérer qui que ce soit, et le sentiment d’amour n’était pas celui qui était le plus développé chez nous, les enfants d’Obéron.
Obéron, notre père, fut-il un mauvais père? Manqua-t-il à ses devoirs? Je l’avais mal connu, et peut-être mal jugé. Peut-être jugeais-je mal la Licorne, sa mère. Mais j’étais d’accord avec elle sur un point au moins: je n’avais pas réellement le choix. Ne plus avoir de pouvoirs, ne plus pouvoir modeler les ombres à sa façon, pour un fils d’Ambre, c’est pire que de perdre la mémoire ou devenir aveugle. J’avais testé les deux, de façon douloureuse, et les avais retrouvées. La vue et la mémoire. J’avais perdu des frères. Certains que je n’avais pas connus, d’autres que j’avais haïs. Etrangement, leur disparition ne m’avait apporté aucun soulagement, aucune joie, aucune peine. Seulement le sentiment de résignation amère face à une chose que je ne comprenais pas et qui était plus puissante que moi. Ces événements m’avaient aidé à prendre du recul sur mon histoire et l’histoire de ma famille. Je ne voulais plus le pouvoir ni la gloire. Je voulais servir Ambre que j’aimais plus que tout. Ambre, joyau du Kolvir, maîtresse de toutes terres, original de toutes les Ombres. Ses faubourgs colorés, son port chaleureux, ses tavernes bondées, tout cela me manquait. Et me manquerait tant que je resterais dans ce pays inconnu et insensible aux pouvoirs de la Marelle et du Logrus. Les atouts fonctionnaient toujours. Heureusement, mais je doutai que ce fût d’un réel intérêt: l’accueil que m’avait réservé Random avait été surprenant, et je ne tenais pas à le rencontrer avant d’avoir pu récupérer des armes décentes et une tenue correcte. On ne se méfie jamais assez de sa famille...

Si je voulais retrouver mes pouvoirs sur les ombres, je devais faire en sorte que la Licorne puisse y régner. A l’impossible nul n’est tenu dit le proverbe. Sauf un prince d’Ambre, évidemment...

Un jour, je rencontrai un homme du nom de Godefroy. Son apparence était banale, mais il émanait de lui un charisme certain. Il me fit penser à Jopin, mon vieux compagnon de phare, chez qui je m’étais réfugié après mon passage en prison, et mon évasion. C’était la première personne qui m’inspirait confiance dans ce monde depuis mon réveil. Il m’enseigna des choses qui me sont encore utiles. J’obtins, grâce à lui, des objets qui remplacèrent avantageusement Greyswandir dans le rôle que je devais jouer sur cette terre. Son enseignement spirituel me fut également bénéfique. Je voyais les gens autrement. Je lui parlais de mes parents, de ma méfiance envers eux, de mes désirs et de mes doutes, de la Licorne. En fait, il fut un second Freud pour moi, m’aidant à comprendre ce que j’étais, et surtout pourquoi. J’arrivai à conjurer quelques démons. Des vieux et des jeunes. Mais pas tous, loin s’en faut. Il me fournit un bâton, arme dérisoire, mais d’une symbolique puissante. Je constatai avec ravissement que j’apprenais à le manier avec dextérité, et mes progrès, sous sa férule, étaient rapides. Il me fit voir également quelques techniques de soins bien plus efficaces que celles que je connaissais déjà.

Le jour où il me dit que je ne pouvais plus rien apprendre de lui, et qu’il était temps que je fasse ma route seul, je ressentis un grand vide.
Il ne me restait plus qu’à suivre ma destinée. Devenir prêtre et prophète de la Licorne.

[HRP: texte posté sur le forum Sarwyen.]

edit de Random

[HRP : Trés trés bon RP ! Tu pourras je pense créer une section se basant sur ton RP (une section pour prêtres et sorciers par exemple) ]

[HRP: merci Random! Je n'avais pas vu l'édit. Et j'ai mis un certain temps avant de continuer le RP, un peu solitaire. Là, je vais commencer à prendre contact avec la famille, et je pense, créer une section d'adorateurs de la Licorne. Je pensais attendre d'avoir le niveau 25 et de recruter auprès des jeunes entrants (niveau 10), mais si certains sont partant, pas de problème! La question: quand on crée une sous-section d'un clan, est-ce qu'il faut quitter le clan???]

Progression


“Pour trouver la vérité, la route est longue et dure.” Voilà l’affligeant oracle que j’avais eu d’un chêne millénaire, pourtant réputé et à qui on ne la faisait pas. J’étais en plein désarroi, et les atouts ne m’aidaient pas. Je les tirais autant de fois que possible, et à chaque fois leur réponse était sans signification. Comme si j’étais revenu sur l’ombre Terre à écouter les élucubrations des diseuses de bonne aventure. J’avais déjà eu recours sur cette ombre à des faiseurs d’avenir, et tous me disaient en substance la même chose: “persiste, tu finiras bien par y arriver”. Encourageant...
Depuis sa dernière manifestation, la Licorne n’était pas réapparue. D’un certain côté, je ne m’en plaignais pas: je n’aurais pas aimé lui avouer mon échec.
Les gens que je croisais avaient déjà plus ou moins leurs dieux ou démons, et un de plus ne leur faisait ni chaud ni froid. Les plus polis me jetaient une piécette, les autres me jetaient des cailloux. Je ravalais ma fierté et appris l’humilité, ou ce qui en faisait lieu chez les Princes d’Ambre: je leur laissais la vie sauve après une bonne dérouillée. Qu’aurait-on pensé d’un prêtre qui tue ses fidèles potentiels?
Je progressais, c’était indéniable, et je recouvrais petit à petit mes forces d’avant. Avant quoi? Voilà la question qui me trottait dans l’esprit. Car si mes forces revenaient, ma mémoire était toujours défaillante, et, partant (du moins le supposais-je) mon action sur les ombres. Je me déplaçais sans trop de difficultés en Sarwyen (j’avais appris par un paysan du cru qui agitait sa fourche que c’était comme cela que ça s’appelait ici et que non, il y avait pas d’autre nom, crédiou!). Les bestioles que je rencontrais étaient parfois étranges, parfois utiles mais toujours hostiles. Un peu comme les autochtones.
Et je marchais perpétuellement, espérant toujours apprivoiser mon premier fidèle de la Licorne.

Un jour, c’était l’hiver, j’arrivai dans un village massacré. Littéralement, il n’y avait plus âme qui vivait, seulement des âmes errantes, réclamant vengeance et sang. J’écoutai leur doléance. La vision des corps sans tête, et inversement, était horrible, même pour un Ambrien, même pour moi qui avait participer aux pires batailles du XIXème siècle sur l’ombre Terre. Pas étonnant qu’autant d’âmes errantes n’aient pu trouver le repos. Je compris, en les écoutant, qu’un raid les avait surpris pendant leur sommeil. Un groupe assez indéfini, assez mélangé, et dont le seul but avait été, semblait-il, de ne rien laisser de vivant. Ils avaient pour nom SOLM et devaient appartenir aux troupe du Chaos. Mon sang se figea dans mes veines: le champion du Logrus avait été visiblement plus efficace que moi.
Je fis la seule chose qui me paraissait utile sur le moment: je montai mon bivouac, fit un feu, bredouillai quelques conjurations afin de chasser les fantômes impertinents et me saoulai avec la bière locale. Il m’en fallut une bonne quantité pour arriver à mes fins. Nous autres, fils d’Oberon, avons une bonne constitution, naturellement. Mais je finis par m’endormir d’un sommeil agité. Je rêvais que la Licorne était sacrifiée sur l’autel du Logrus, qu’Ambre s’abîmait dans la mer pourpre qui la bordait et rejoignait au fond des flots les ruines de sa double sous-marine Erbma alors qu’une pluie de cristal s’abattait sur le Kolvir, témoignant de la chute de Tir na nogh’t. Je me réveillai, frissonnant et en sueurs.

La tâche qui m’était assignée était bien trop ardue, je ne pouvais être seul pour l’effectuer. Cette pensée évidente fut une révélation pour moi! Bien évidemment! Voilà le premier pas vers l’accomplissement de la mission! Ne pas être seul, faire du travail d’équipe, faire confiance à ses partenaires. Ma joie d’avoir trouvé un début de réponse fut vite altérée par le fait que je ne pouvais demander de l’aide qu’à mes parents. En qui j’avais une confiance extrêmement limitée. Passé commun tumultueux, blagues de mauvais goût et pièges mortels dans la course pour le trône d’Ambre, autant d’intrigues qui avaient érigé un mur de méfiance entre nous. Je passais outre et saisis l’atout du frère chez qui j’espérais le moins de défiance: le roi Random.

[HRP: postage (ou postation? Posture? ) sur le forum de Sarwyen]

[HRP Hop, la suite (dur dur de faire un RP qui se tienne...)

Random, si tu veux faire des modifs, ne te gêne pas (surtout dans le "dialogue"). Les autres non plus, d'ailleurs. Mise en ligne dans 48 heures si pas de modifs.]

Random


L’union fait la force. Cette expression de la sagesse populaire n’avait pas cours chez nous, princes d’Ambre: lorsque deux frères se sont associés entre eux, en général pour prendre le pouvoir et conquérir le trône, il y avait toujours un plan caché quelque part pour ne laisser qu’un seul survivant parmi les deux alliés: il n’y a qu’une place sur le trône d’Ambre. Cependant, depuis que Random avait remplacé père à la tête du royaume, nul n’avait cherché à l’en déloger. Même Obéron, notre père, n’osait pas contester la volonté de la Licorne. Chacun d’entre nous avait trouvé son compte d’une certaine façon. En tous cas, tout le monde semblait s’accommoder de cet état de fait ou bien rongeait son frein silencieusement.

Aussi, lorsque je saisis l’atout de Random, je savais que je n’avais pas grand chose à craindre, même si une méfiance instinctive me fis renoncer plusieurs fois. J’avais d’autres raisons de me méfier de Random: à mon réveil sur cette terre, je l’avais déjà contacté. Il m’avait regardé d’un air étonné et énervé, m’avait plus ou moins dit que je n’avais rien à faire là où j’étais et m’avais demandé des explications. N’en ayant aucune à fournir, j’avais préféré rompre le contact.
Je finis par prendre mon courage à une main, de l’autre, je tenais fermement mon arme, prêt à toute éventualité. La surface de l’atout se refroidit rapidement, et Random apparut, toujours méconnaissable sous son aspect naniforme. Il se tenait dans la salle d’armes et inspectait les épées sur leurs râteliers.

- Random?
- Corwin! Que fais-tu là? Pourquoi as-tu repris ton aspect normal?? Rejoins-moi! (Il tendait la main pour que je la saisisse, je m’en gardais bien)
- Ecoute-moi, Random! J’ai besoin de conseils. Je n’ai pas le temps de t’expliquer, mais je suis sur une Ombre où j’ai peu de pouvoir. On dirait que ni la Licorne ni le Logrus n’arrivent à la contrôler. Je pense qu’une troisième entité s’est révélée. Es-tu au courant? Que se passe-t-il en Ambre?

Random se frotta le menton, me regardant d’un air que je ne connaissais que trop bien: “Que sait-il? Que puis-je lui dire qu’il ne sait déjà? Comment le faire parler?” Voilà tout ce que je lisais dans son regard. Je poussai un soupir intérieur. L’exercice du pouvoir avait transformé mon frère: le batteur enjoué d’une modeste ombre où régnait le farniente avait cédé la place à un roi conscient de ses prérogatives et de ses devoirs. Je ne pouvais que l’approuver, même si je n’étais pas certain d’aimer ça. Je repris la parole, décidé à donner des informations en premier, en gage de confiance.

- Random! Je n’ai pas trop de temps. Ecoute-moi bien: la Licorne m’a rendu visite en rêve (étincelle dans l’oeil du roi) et m’a ordonné d’initier un culte d’Elle en Sarwyen. Visiblement le chaos a également fait de même. As-tu entendu parler d’un groupe qu’on appelle SOLM? (Un éclair de colère traverse le visage de Random).
- Je ne savais pas que la Licorne t’avait rendu visite, Corwin. Tu aurais pu me le dire plus tôt! (Random fit une pause, attendant visiblement une explication. Je ne répondis pas: lorsqu’on n’a pas d’explication à donner, il vaut mieux s’abstenir de parler, au moins pour faire croire à son interlocuteur qu’on veut cacher quelque chose de capital. La vie peut parfois se gagner sur un bluff réussi. Random poussa un léger soupir et repris.)
- D’accord, garde tes secrets, mais sache que je suis parfaitement au courant.(Je souris intérieurement: un bluff contre un bluff, voilà la famille...) Nous avons plusieurs agents sur Sarwyen, moi-même j’y vais régulièrement. La situation est inquiétante et... Pourquoi portes-tu ce bâton? Où est Greyswandir?
- Je n’ai plus Greyswandir, et il me semblait que pour le prêtre d’un culte (je ne pus m’empêcher de rougir: Random connaissait bien ma vision de la divinité) un bâton est plus adapté.
- Si tu tiens absolument à avoir une branche, prends-en au moins une qui ait quelque utilité!
Il jeta un oeil autour de lui et saisit un bourdon qui semblait avoir un passé vénérable: torturé, de fines lignes semblaient évoluer en une danse frénétique le long de son axe, mais lorsqu’on les fixait, elles s’immobilisaient. Je sentais une magie puissante qui s’en dégageait.
- Le bâton d’Ent de Bénédict, murmurai-je...

Je le saisis et le fit tournoyer dans mes mains, je me sentais plus fort, plein de confiance retrouvée. Bénédict avait ramené cette relique il y avait des éons, et, à l’en croire, elle possédait des vertus cachées.
Random détacha également une sorte de chlamyde de lin de ses épaules et me la tendit.

- Prends également cette cape: Vialle l’a tissée et brodée du dessin de la Marelle, elle te sera utile je crois.
Je le remerciai en me courbant légèrement, comme il se doit. Il me fit redresser en m’étreignant l’épaule, puis me regarda dans les yeux.
- Quoi qu’il en soit, Corwin, prends garde à toi! Je ne voudrais pas perdre un frère de plus à cause des ambitions de la Licorne ou du Chaos.
Il commença à s’éloigner, rompant le contact.
-Et n’oublie pas de me rendre compte lorsque tu as du nouveau!

L’atout redevint tiède dans ma main.
Finalement, nous n’avions pas appris grand chose l’un de l’autre, mais Random m’avait fait confiance en me donnant ces deux objets, et j’en ressentais du soulagement. Et un peu de fierté.

[hrp : superbe RP... je n'ai rien à en redire ]

[Texte mis en ligne]

Interlude


Lorsque la fatigue se fait sentir, que le désespoir s'insinue dans son âme, Corwin pose ses affaires, s'assied sur une souche et se met à penser à son enfance, à Ambre, étincelant joyau du Kolvir qui se réflète dans la mer d'Erbma. Il allume un feu, installe son couchage, et fredonne pour lui une chanson triste et mélancolique qui attise douloureusement sa nostalgie, mais lui redonne l'espoir de revoir un jour Ambre glorieuse et victorieuse.


"Passant, vient écouter cette ballade
Qui conte les malheurs d’un clan nomade
Et d’un homme accablé de souvenirs.
Je n’oublierai jamais les cimes du Kolvir.

Amour immodéré, cruelle adoration!
La Licorne a tranché, Ambre est à Random...
D’une cité dont nous voulions la possession,
Exilés à jamais, à jamais nous errons
Et notre regard se porte vers l’horizon.
Nous sommes en quête de notre devenir.
C’est la malédiction des enfants d’Obéron
De n’oublier jamais les cimes du Kolvir.

Combattant sans-merci, éternel paladin
Je parcours sans cesse les mers, les plaines,
Recherchant toujours, mais toujours en vain,
La vallée du Garnath et la forêt d’Arden,
Dans les pâles reflets de contrées incertaines
Qui accroissent la douleur qui me fait languir;
Je vais errant au fil de l’ombre et de mes peines.
Jamais je n’oublierai les cimes du Kolvir.

Quand la nuit revêt son manteau scintillant,
Que je pose mon arme et mon bagage
Auprès d’un feu vif et réconfortant,
Je cherche parmi les étoiles son image.
Parfois je l’aperçois, mais ce n’est qu’un mirage
Qui trouble mon coeur lourd d’un immortel désir,
Mon âme est accablée d’un éternel orage.
Jamais je n’oublierai les cimes du Kolvir.

Passant, toi qui entends cette ballade,
Vas donc porter au grès du vent nomade
Ce chant de pleurs et de soupirs.
Je n’oublierai jamais les cimes du Kolvir."

[HRP, bon ok, je ne suis pas Villon ou Baudelaire, soyez indulgents! C'est déjà assez difficile de trouver deux mots qui riment... ]

[HRP : c'est un très bel interlude!!!]

[HRP Merci Gaload! Mis en ligne, pour le coup.]