Je m’avançais et posai le pied droit sur le début du tracé. De légères étincelles commençaient déjà à apparaître le long du chemin. Je posai ensuite mon pied gauche, veillant à bien rester sur le tracé. S’éloigner signifiait la mort. Je sentais le regard de Random sur moi. Il veillait à ce que tout se passe bien. Encore un pas.
L’air fut tout à coup rempli d’électricité statique. Mes cheveux et mes poils se hérissèrent. Je suivais toujours consciencieusement le tracé. Environ une douzaine de pas. Le Premier Voile. Une sorte de mur invisible. Avancer était difficile mais s’arrêter te repartir encore plus. Il fallait l’affronter et le repousser. La résistance serait pire ensuite. Je sentais déjà la sueur sur mon front tellement l’effort était important. Une goutte glissa dans mon oeil droit.
Mon regard ne quittait pas la ligne sous mes pieds. Marcher n’avait jamais été aussi dur. Chaque pas était épuisant. Le Voile se déchira subitement. Je manquais de trébucher. Random se rapprocha. Je lui fis un léger signe. Je le regrettais. J’avais dépensé inutilement de l’énergie.
Les étincelles m’arrivaient maintenant aux genoux. Je remarquais que j’étais à l’intérieur de la Marelle. Pas question de faire demi-tour. De toute façon c’était impossible. Je ressentais comme un vrombissement en moi, faisant vibrer tous mes organes. J’eus un haut-le-coeur. Je serrai les dents et me concentra sur la ligne bleutée. Je fis quelques autres pas. Une ligne courbe, une ligne droite. J’avançai toujours difficilement. Il devait être par ici.
Un autre pas. Il me fit l’effet d’un 16-tonnes me rentrant dedans. Le Second Voile. Mes pieds obéissaient difficilement. Ma détermination était cependant supérieure a la pression du Voile et je le passai également.
Un angle droit, un deuxième et un troisième. Le tracé était tellement complexe. Il me semblait lever un pied et le reposer au même endroit tellement il était de plus en plus dur d’avancer. Cette impression était erronée car j’atteignais une courbe.
Les étincelles étaient maintenant a hauteur d’épaules. Seule ma tête devait encore être visible. Néanmoins, je restai concentrer sur la ligne afin de ne pas en sortir. Je n’osai regarder plus loin afin de ne pas évaluer la distance qu’il me restait à franchir.
La Grande Courbe. Je me demandais depuis combien de temps j’étais sur la Marelle. Mes yeux commençaient à me piquer et mes doigts étaient engourdis à force de serrer les poings.
Je suivis trois autres courbes, une ligne droite et une série d’arcs courts. J’avais de plus en plus de mal à respirer. Inspirer était pénible. Je sentais l’air brûlant mes poumons. Je respirai par à-coups.
Dix tournants. Ils furent assez fatigants mais je m’en sortais plutôt bien. Par contre une peur me serra l’estomac. Je me sentais faible. Je ne savais pas comment je franchirais le Voile Final.
Un arc court suivit d’une ligne droite. Puis un mur. Il était là. Cela revenait à essayer de traverser un mur de béton. Je sentais mes muscles se bander au maximum sous l’effort. Je les sentais près à se déchirer. Je puisais dans mes dernières ressources. Chaque mouvement était une torture. Je ne savais plus si j’avançais encore. Je continuais à poser un pied devant l’autre. Le mur ne voulait pas céder. Pourtant il le faudrait.
Les étincelles m’enveloppaient complètement maintenant. Je ne voyais plus l’extérieur. Peu importait. Mes pieds suivaient le tracé étincelant. J’étais à bout de force. Un court arc.
Je venais de le franchir mais marcher était une tache extraordinaire. Je me savais au bout. Plus que quelques pas.
Les étincelles diminuèrent. La ligne s’arrêta. J’étais au centre. Random souriait. J’étais un prince d’Ambre maintenant.
La traversée de la Marelle par JU